Ludovic de Garnier des Garets LETTRES DE CHINE (1859 – 1861) Campagne de Chine et de Cochinchine

Thierry des Garets,Geneviève Descamps et Odile Bach

Thierry des Garets,Geneviève Descamps et Odile Bach

Comment un manuscrit peu lisible devient un livre passionnant.

En rangeant l’appartement de mes parents, il y a presque dix ans, je trouve en photocopie, les lettres de Chine de 1860 de mon arrière-grand-père, Ludovic de Garnier des Garets, telles que les avaient recopiées très soigneusement son père à leur arrivée au domicile familial.
J’en fais une lecture passionnante mais difficile : des noms propres indéchiffrables, une ponctuation bizarre, un repérage quasiment impossible sur nos atlas, peu de documents d’histoire sous la main sur la période. Mais des lettres bien écrites, un récit très vivant, une histoire très intéressante, un témoignage très attachant de notre aïeul.
Mon premier projet est de rendre lisible pour notre famille ces lettres passionnantes et de faire revivre la belle personnalité de cet aïeul que nous ne connaissons guère que par quelques tableaux imposants où il pose en tenue de général, impressionnant par ses décorations.
C’est un autre visage de notre ancêtre que nous découvrons peu à peu, celle du jeune sous-lieutenant des armées de Napoléon III, qui participe à l’expédition anglo-française qui conduit nos troupes jusqu’à Pékin. La valeur historique de notre document n’échappe pas au petit comité de lecture qui se constitue autour du projet.
Une belle aventure commence, véritable course aux trésors dans les archives familiales. Nous retrouvons ainsi de nombreux documents : cartes, plans des batailles, dessins, photos… Un album sur la reliure duquel est inscrit en lettre d’or « Chine 1860 » retient toute notre attention. Il contient douze vues magnifiques que nous authentifions. Ce sont bien des photos prises par le premier reporter photographique de guerre Felice Beato, rapportées de Chine par notre arrière-grand-père.
Avec cette belle iconographie, at après un travail rigoureux pour restituer le texte des lettres dans leur authenticité, nous trouvons sans peine un éditeur en Beaujolais, terre d’origine de notre famille.
Bernard Brizay, auteur de l’ouvrage qui fait autorité sur le sac du Palais d’été, accepte de préfacer notre livre. Il souligne la sincérité de ces lettres qui étant destinées à la famille, ne s’embarrassent pas du « politiquement correct ». C’est donc un témoignage authentique particulièrement intéressant que nous publions.
L’ouvrage s’enrichit d’une introduction claire et bien documentée de l’historien Jean Philippe Rey qui replace la campagne de Chine de 1860 dans son contexte historique et met en perspective l’expérience combattante de ce jeune officier. Nous ajoutons en annexe quelques pages pour présenter la famille de l’épistolier.
L’ouvrage paru aux Editions du Poutan, fin 2013, rencontre un chaleureux accueil et suscite un vif intérêt qui déborde largement le cercle familial auquel nous avons heureusement décidé de ne pas le restreindre.
Geneviève des Garets Deschamps
arrière-petite-fille de Ludovic 15 01 2014
contact : desgaretsdeschamps@gmail.com
Ludovic de Garnier des Garets
LETTRES DE CHINE (1859 – 1861) Campagne de Chine et de Cochinchine
Editions du Poutan, octobre 2013, 320 pages
PatrioteBeaujolais14nov2013 (avec en tête)

LETTRES DE CHINE 1859 – 1861
témoignage inédit d’un jeune sous-lieutenant des armées de Napoléon III

Jeune sous-lieutenant des armées de Napoléon III, volontaire pour la campagne de Chine de 1860, Ludovic de Garnier des Garets embarque à Brest et quitte la rade le 17 décembre 1859, avec son bataillon de chasseurs à pied. Il part ainsi scruter le monde à 6 000 lieues du pays où (il) est né. C’est pour lui une aventure providentielle et un bon démarrage pour sa carrière militaire.

Mais la séparation d’avec ses proches lui coûte et durant ses longs mois d’absence, il entretient avec sa famille une correspondance très suivie, véritable journal où il raconte tout ce qu’il vit. Ce sont ses lettres, soigneusement conservées dans les archives familiales que trois arrière-petits-enfants de Ludovic publient aujourd’hui, livrant un témoignage authentique, sur les grands évènements de cette campagne. Des lettres attachantes, bien écrites, très vivantes et d’un grand intérêt historique.
2 - NIKON D90 - oval Ludovic, 01 01 1858
De la rade de Brest au golfe du Zhili, récit d’une longue traversée.
Le voyage dure six mois, sur un gros navire mixte, à voile et à vapeur, le Rhône, qui transporte 1 200 hommes. Ludovic fait le point chaque jour d’une route maritime intéressante à suivre, et raconte la vie à bord. Des temps joyeux et drôles comme le passage de la ligne ou la capture des albatros, mais aussi de longs jours éprouvants, sans jeter l’ancre.
Heureusement les escales sont très gaies, mais brèves. Ludovic se lance à parler l’anglais qu’il apprend assidûment pendant les traversées. À Cape-Town les officiers français sont très bien accueillis par la colonie anglaise qui donne réception sur réception.
La plus longue traversée dure cinquante et un jours, de Cape-Town à Singapour.
La découverte du monde chinois.
La découverte du monde chinois se fait à Hong-Kong, après une brève relâche à Singapour. Les navires de l’expédition se regroupent peu à peu, et se suivent jusqu’à l’avant-port de Shanghaï. Ludovic décrit la vie des ports encombrés de jonques innombrables, d’embarcations de toutes sortes, l’animation d’une population affairée, toujours en mouvement, l’étrangeté de ce monde nouveau, inconnu, fascinant.
Les troupes ne sont pas encore autorisées à débarquer, mais les officiers vont à terre régulièrement. Les lettres de Shanghaï sont d’un grand intérêt. Ludovic découvre une situation très paradoxale. Les Français arrivent pour faire la guerre à la Chine, mais à Shanghaï la menace des rebelles est telle que les autorités locales demandent le soutien des militaires européens. La révolte des Taïpings fait rage depuis dix ans. Les pères jésuites sont très présents dans la ville et menacés eux aussi. Le jeune sous-lieutenant des Garets raconte la vie difficile de ces missionnaires en Chine.
La guerre.
Enfin après six mois de mer, les troupes sont autorisées à débarquer. Au campement de Chéfou, les hommes refont leurs forces et la guerre se prépare. Les chevaux achetés au Japon arrivent, l’artillerie met au point ses équipements. Les ambassadeurs, les généraux en chef, les amiraux anglais et français se concertent. L’entrée en campagne est prévue pour les premiers jours d’août 1860.
Vision grandiose des cent-cinquante navires réunis au fond du golfe du Zhili, récit détaillé du débarquement difficile des forces alliées. Puis viennent les combats. Avec les lettres passionnantes que Ludovic écrit du terrain de la guerre, nous entrons dans le vif de l’histoire de cette campagne vue par un jeune chasseur à pied des armées de Napoléon III.
Deux mondes s’affrontent dans l’incertitude des forces en présence. L’empereur de Chine a réuni une armée innombrable mais les armées alliées montrent une supériorité écrasante en matière d’armement. Les combats sont rudes, la défense chinoise courageuse et pugnace. La victoire de Palikao ouvre aux Européens la route de Pékin.
Le sac du Palais d’été.
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C’est avec émerveillement, émotion, incrédulité, que le jeune sous-lieutenant pénètre dans les palais impériaux du Yuanming-yuan et qu’il en décrit les splendeurs. Mais les Français, bientôt rejoints par les Anglais se livrent au pillage de ces trésors, et cette féérie, ce conte des mille et une nuits devient une page sombre de notre histoire sur laquelle Ludovic nous livre un témoignage authentique.

Victoire sur la Chine et traités de Pékin.
La campagne de Chine se termine avec l’entrée triomphale des troupes dans Pékin, la signature des traités et le chant du Te Deum dans l’église catholique rendue au culte.

Sur la route du retour : la Cochinchine.
Les troupes vont prendre leurs quartiers d’hiver, mais une autre mission attend Ludovic et son bataillon de chasseurs : rejoindre la Cochinchine au plus vite, pour prêter main forte aux soldats français restés sur place trop peu nombreux.
1861 marque un tournant décisif dans la colonisation de la péninsule indochinoise. Les lettres que Ludovic envoie de Saïgon sont celles d’un jeune soldat courageux engagé dans des combats difficiles contre les Annamites. Les paysages sont magnifiques, la végétation luxuriante, mais le climat est rude !
Conscient de l’enjeu que représentent pour la France toutes les ressources de cette région du monde, il décrit la situation avec beaucoup de lucidité.

Après ces deux campagnes éprouvantes, la Providence sourit au jeune sous-lieutenant qui revient avec l’État-Major, par Suez et Alexandrie. Il ne met que deux mois cette fois pour rejoindre Toulon. Le 24 juillet 1861, après dix-neuf mois d’absence, il retrouve la terre de France.

l’épistolier
Cette campagne marque le début d’une belle carrière militaire, que le jeune sous-lieutenant Ludovic de Garnier des Garets poursuivra jusqu’au grade de général de division, commandant de corps d’armée puis membre du conseil supérieur de la Guerre.

Ludovic de Garnier des Garets
LETTRES DE CHINE 1859 – 1861 Campagne de Chine et de Cochinchine
Ouvrage paru aux Editions du Poutan, octobre 2013, 320 pages
Texte établi et présenté par Geneviève Deschamps, Odile Bach, Thierry des Garets, arrière-petits-enfants de Ludovic.
Mise en perspective historique par Jean Philippe Rey.
Préface de Bernard Brizay
Une abondante iconographie enrichit l’ouvrage, avec en particulier douze photographies du célèbre Felice Beato, premier reporter photographique de guerre, rapportées de Chine par l’auteur des Lettres.
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