Hong Kong – Cérémonie du souvenir sur la stèle des Forces Françaises Libres

C’est désormais une tradition, tous les premiers vendredis de décembre, le Souvenir Français de Chine à Hong Kong invite la communauté à venir se recueillir sur la stèle des Français Libres du cimetière militaire de Stanley. Cette année encore, les élèves du Lycée Français International ont constitué une chorale pour entonner le chant des partisans, symbole de résistance pour la liberté. Alexandre Giorgini, le nouveau Consul Général de France à Hong Kong est venu fleurir la stèle en compagnie du Colonel Philippe Deponcelle, Attaché de défense à l’Ambassade de France en Chine, d’un officier américain, attaché naval au consulat des Etats-Unis à Hong Kong, de vétérans, et d’officiers de réserve français et alliés.

La bataille de Hong Kong

Que s’est-il passé au juste à Hong Kong pendant la Seconde Guerre Mondiale? Tout d’abord épargnées par un conflit qui fait rage en Europe depuis 1939, les enclaves occidentales en Chine sont néanmoins depuis fin 1937 encerclées par les Japonais qui ont pris possession de vastes territoires. A Hong Kong, on ne peut ignorer cette menace et la défense de la colonie s’organise avec la constitution de tranchées fortifiées, la fameuse Gin Drinkers Line. De même, le renfort de troupes du Commonwealth, en particulier du Canada avec le groupe C et des régiments du Punjab et Rajputs complètent les effectifs britanniques. Pourtant le 8 Décembre 1941, le réveil est brutal lorsque le pilonnage aérien commence sur Hong Kong à 8 heures du matin, suivant de quelques heures l’attaque de Pearl Harbour. Les défenses supposées retenir plusieurs semaines voire plusieurs mois les troupes d’invasion au Nord de Kowloon tombent en fait en quelques jours, du fait d’un manque d’effectifs et une sous-estimation du niveau de préparation des armées nippones. Le 13 Décembre, les troupes du Mikado sont à Tsim Sha Tsui et il faut aux contingents restants se replier sur l’île de Hong Kong.

Les Français Libres

Se joignent alors à la défense de la colonie des volontaires français, dont certains avaient déjà quitté la concession française de Shanghai, acquise au régime de Vichy, pour poursuivre le combat à l’appel du Général de Gaulle. Le plus charismatique d’entre eux est sans doute le capitaine Roderick Egal, vétéran de Verdun et fondateur à Shanghai du mouvement « France Quand Même », un collectif de résistance qui lui vaut des démêlés avec la justice collaborationniste. C’est à la tête d’un petit groupe d’hommes qu’il va prendre part aux combats de North Point destinés à bloquer les troupes de débarquement japonaises. Malgré une résistance farouche, les défenses sont enfoncées par les assaillants qui se livrent à des exactions et autres exécutions sommaires au fil de leur progression. Egal ne devra sa vie qu’à des Chinois qui le cacheront tandis que plusieurs de ses camarades seront tués. La suite de ce que l’on nomme aujourd’hui « la bataille de Hong Kong » conduira l’envahisseur à s’emparer de Sai Wan, massacrant là encore les soldats indiens qui s’étaient pourtant rendus, puis de Wong Nai Chung Gap, le col commandant l’accès au Sud de l’île. Pendant près de deux semaines, l’armée britannique et les volontaires du HKVDC (Hong Kong Volunteer Defence Corps) résisteront encore, sans que personne n’ait d’illusion sur l’issue finale. Les pertes seront énormes avec plus de 2000 soldats et 4000 civils, l’enjeu de ce sacrifice étant de galvaniser la résistance des Chinois de Tchang Kaï-chek en tenant le plus longtemps possible. La réddition aura finalement lieu le 25 décembre 1941, le lendemain de Noël , date devenue pour tous « Black Christmas », signée au Peninsula par Sir Mark Aitchison Young, le gouverneur de Hong Kong.

Commencent alors 2 ans et 4 mois d’une occupation brutale par les troupes nippones, la population chinoise étant déplacée aux 2/3 sur le continent, les civils alliés emprisonnés dans des camps. Quant aux officiers et soldats rescapés, ils sont soumis à des privations et parfois des tortures dont beaucoup resteront marqués. Des héros qui ont résisté avec courage, plusieurs cimetières entretiennent la mémoire dont celui de Stanley, proche du site de la dernière bataille du collège Saint Stephen et du centre de détention, à l’époque un camp de prisonniers japonais. La stèle des Français Libres comporte 6 noms de braves, morts pour beaucoup dans ces journées. 4 autres noms de volontaires oubliés de l’histoire doivent être rajoutés prochainement. Leur comportement héroïque face à la barbarie reste aujourd’hui encore un symbole fort qui lie encore plus la communauté française à cette terre de Chine.

Didier Pujol
Souvenir Français de Chine à Hong Kong

 

Crédits photos et vidéos : Consulat de France à Hong Kong et Macao, Marc Guyon, et Claude Jaeck.