Le Laos est considéré comme le grenier de l’Indochine. En Indochine, un programme est à l’origine de la création du syndicat du haut Laos (1889 : Création à Paris d’un Syndicat français du Laos regroupant des entrepreneurs intéressés par l’établissement de comptoirs sur le cours du Mékong) devenu en 1891 société du haut Laos. L’inspirateur en est le député François Deloncle qui suggère au sous-secrétaire d’état aux colonies Eugène Etienne l’envoi d’agents commerciaux aux côtés de Pavie. Macey est le premier à partir. Dans ses bagages il y a 10000 médailles en cuivre frappées à l’effigie de la France et au chiffre du syndicat et 10000 petits drapeaux tricolores.
Indochine, Laos, médaille, des comptoirs du syndicat françaisau Laos, vers 1890 verso :REPUBLIQUE – FRANÇAISE Buste diadémé de la République à droite Recto /SYNDICAT FRANÇAIS// *DU LAOS* Au centre : COMPTOIRS/ A/ LUANG-PRABANG/ HOUTÈNE/ BASSAC/ KIENG-HONG 27,0 mm 5,37 g 12 h Maillechort Etain et bronze. Médaille du Syndicat français du Laos Commercial Mission (métal blanc, peut-être d’étain) 23mm
La mission commerciale de M. Paul Macey (1889-1891) due à l’initiative privée, mériterait, par les résultats pratiques qu’elle a obtenus et qu’elle développe en ce moment même, une étude toute spéciale; nous nous bornerons cependant à indiquer brièvement les conclusions que M. Macey lui-même a développées à son retour en France. La mission dont il était le chef a suivi à deux reprises différentes les routes relevées par la mission Pavie entre le Tonkin et Luang-Prabang. Elle a descendu tout le cours du Mékong depuis cette ville jusqu’à Mytho ; revenue de Hanoï à Luang-Prabang, elle s’est dirigée sur Xien-Hong où a eu lieu la jonction avec la mission Pavie. Enfin le retour s’est effectué de Houtène sur le Mékong à Vinh sur la côte d’Annam par Kham-Mouong.
En suivant les divers itinéraires, dont le parcours total se chiffre par 42 000 kilomètres environ, M. Macey a recueilli de précieux renseignements déjà présentés par lui-même et que nous pouvons résumer de la façon suivante :
1° Pour pénétrer dans le Haut-Laos, les routes de Hanoï à Luang-Pra-bang par la rivière Noire(Song-Bô), puis la rivière Nam-Hou et un bout du Mékong voie préférables à celle qui consisterai à remonter le Mékong lui-même.
2° Un courant commercial a été établi sur plusieurs points, d’abord entre Luang-Prabang et le Tonkin. Grâce aux conventions faites avec le chef Déo-Van-tri et d’autres chefs indigènes qui limitent à 0Fr,11 le prix de la tonne kilométrique pour le transit, tandis que sur la route de Luang-Prabang à Bangkok par Korat, le même prix de transport varie de 0,93F à l,70F la tonne kilométrique; ensuite entre Houtène( proche de Pak Hin-Boum) et Vinh, voie par laquelle M. Macey a fait passer le premier convoi français d’exportation composé de thé et de benjoin. Les voies commerciales entre le Mékong, la Chine, la Birmanie et le Siam ont été en outre soigneusement relevées.
3° La grande tournée complète de Saïgon à Saïgon en passant par la côte de l’Annam, le Tonkin, la rivière Noire, le Nam-Hou, Luang-Prahang et la vallée du Mékong, peut être effectuée en 7,5 jours de marche effective, dont cinq jours seulement par les routes de terre, le reste s’effectuant sur des voies navigables.
4° Des comptoirs commerciaux permanents ont été fondés à Luang-Prabang et à Non-Kay et des comptoirs ambulants ouverts dans tous les centres importants de population que traversa la mission en descendant le Mékong. Presque partout, les résultats obtenus ont dépassé toutes les espérances et ont ainsi permis d’étudier les points où pourront être fructueusement installés les futurs établissements commerciaux.
5° Après avoir révélé la possibilité de coloniser les régions qui, jadis fertiles et productives et récemment dévastées par les llos, s’étendant entre la rivière Noire et le Mékong, M Macey a proposé à son tour la construction d’un canal d’exécution facile et peu coûteuse à travers les îlots qui forment les chutes de Khone, pour contourner les rapides.
6° Enfin en rapportant en France un nombre considérable d’échantillons de produits sel. industries de l’indo-Chine recueillis sur les différents points visités par la mission, en rassemblant aussi des spécimens de tous les articles d’importation européenne introduits par les Chinois, les Birmans et les Laotiens sur les marchés du Mékong et de l’intérieur, M. Paul Macey a rendu un service signalé à noire industrie et à notre commerce, qui pourront bientôt profiter de ces utiles indications pour l’approvisionnement de nouveaux marchés. Le Laos est en effet, grâce aux explorations de la mission Pavie, et grâce aux tentatives commerciales de M. Paul Macey, ouvert au commerce européen; mais il importe que dans ces régions si récemment, connues la prépondérance politique et commerciale de la France soit assurée.
Il faut, avant, tout, définir et valider les frontières de l’Annam. La nomination récente de M. Pavie comme représentant de la France à Bangkok permet d’augurer que la solution donnée aux difficultés restantes sera conforme aux intérêts de la France.
Sur le Mékong il sera nécessaire d’établir des stations commerciales placées sous la protection d’agents consulaires français et reliées par les routes récemment explorées aux ports de l’Annam, destinés à devenir également des entrepôts commerciaux.
Le quadrilatère compris entre le Yunnan, le Mékong et la mer qui constitue ce que l’on appelle maintenant avec raison l’Indo-Chine française, quadrilatère peuplé d’environ 23 millions d’habitants, doit être desservi par des voies transversales, terrestres et fluviales dont le tracé a été reconnu et dont l’exécution doit être rapidement conduite. Déjà des services de bateaux à vapeur fonctionnent sur le fleuve Song-Koi (fleuve rouge) jusqu’à la frontière de Chine, sur le Mékong jusqu’au pied des chutes de Khône. L’établissement de relations commerciales régulières, ébauchées par M. Paul Macey, d’une part entre Luang-Prabang et le Tonkin, de l’autre entre le Mékong et les ports de l’Annan, qui ne sont, séparés que par une distance de quarante lieues, enfin la création d’un service de vapeurs entre les chutes de Khône et Luang-Prabang arracheraient définitivement au Siam le commerce déjà considérable, et susceptible de le devenir bien plus encore, qui aboutit aujourd’hui à Bangkok et qui doit avoir pour débouchés naturels soit la capitale du Tonkin, soit les ports de l’Annam, soit enfin la capitale de la Cochinchine française.
avec l’aimable autorisation de l’auteur M. Dominique TALLET
paru dans le Bulletin no. 88 de l’Association Internationale des Collectionneurs de Timbres-Poste du Laos (www.aictpl.fr)